Auteurs :
Beintema, Nienke; et Stads, Gert-Jan
Année :
2011
Publié par :
Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI)
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Suite à la période de stagnation qui a marqué les années 1990, une reprise des investissements et des effectifs consacrés à la recherche et développement (R&D) agricole en Afrique subsaharienne a entraîné un taux de croissance moyen supérieur à 20 % au cours des années 2001–2008. En 2008, la région dépensa 1,7 milliard de dollars (en parité de pouvoir d’achat, valeur 2005) en R&D agricole – soit 0,8 milliard de dollars É-u constants de 2005 – et l’effectif total de chercheurs agricoles exprimé en équivalents temps plein (ÉTP) dépassa les 12 000. À noter, cependant, que cette reprise ne s’est manifestée que dans un petit nombre de pays et qu’elle s’explique principalement par l’engagement de certains gouvernements à rectifier des niveaux de salaires totalement inadéquats et à appuyer la réhabilitation des infrastructures délabrées, souvent par suite d’années de sous-investissement. En effet, de nombreux pays doivent relever le défi fondamental que représente la faiblesse de leurs ressources humaines et financières – et parmi eux, tout particulièrement les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone, où la fragilité extrême des systèmes de financement constitue une véritable menace. Ces pays ont accusé des baisses d’investissements si importantes qu’ils sont tombés dans une dépendance critique de l’aide extérieure, souvent très instable. Pour ce qui est des capacités humaines : malgré la croissance des effectifs enregistrée pour l’ensemble de la région, un certain nombre de pays ont vu se détériorer le niveau moyen des qualifications universitaires. Ainsi, certains pays ont signalé des arrivées massives – souvent déclenchées par la fin d’un gel de recrutement prolongé – de scientifiques n’ayant qu’une formation de 1er cycle ; ces afflux grèvent les budgets de formation déjà insuffisants et dépassent de loin les possibilités qu’ont les instituts d’assurer un encadrement approprié, vu leur manque de scientifiques cadres, ce dû à plusieurs années de non-remplacement de chercheurs partis à la retraite ou qui ont démissionné pour d’autres raisons.
Cependant, en dépit de tous les obstacles, le renouveau d’intérêt pour la R&D agricole de la part des gouvernements et des bailleurs de fonds semble indiquer que nombre de pays africains peuvent s’attendre à voir s’améliorer leur situation de R&D agricole. Les initiatives régionales constituent également un facteur clé : elles permettent d’améliorer la coordination et de renforcer les collaborations de recherche et elles veillent sur le respect des priorités et sur l’efficacité des démarches. En augmentant de façon durable leurs investissements, les gouvernements nationaux, les organisations régionales et internationales et les bailleurs de fonds appuieront de manière effective la stabilisation des niveaux de financement et de capacité consacrés à la R&D et la réalisation de progrès réels partout dans la région.
L’examen des recommandations stratégiques émises dans différents rapports et comptes rendus de conférences de haut niveau, ainsi que la prise en considération des diverses contraintes de ressources financières et humaines décrites dans le présent rapport, ont abouti à l’identification de quatre domaines thématiques clés, dont les implications politiques devront être assumées par les gouvernements, les bailleurs de fonds et d’autres parties prenantes. Les thématiques peuvent se résumer comme suit : (1) le sousinvestissement dans la R&D agricole dure depuis plusieurs décennies ; (2) une volatilité excessive caractérise les niveaux annuels d’investissement ; (3) la faiblesse des capacités en matière de ressources humaines présente des défis actuels et imminents ; (4) il faut maximiser les collaborations de R&D régionales et sous-régionales.